[EVENT] La Cave. (Quête Solitaire). (II)

Il faisait terriblement froid. Perdus dans une auberge miteuse de Stellaraë, Louis et Graves, qui attendaient tous deux sur des tabourets en bois prêts à craquer d'un moment à un autre, semblaient perplexes. Le regard perdu dans le vague, Graves observait l'intérieur de l'auberge qui faisait peine à voir.
Les deux aventuriers, sans le sous, étaient prêts à tout pour obtenir la moindre pièce d'or. Mais était-ce là une requête suffisamment honorifique pour eux, guerriers accomplis, que de chasser de simples rats ?
Louis, qui s'amusait à déjouer toutes les odeurs de la salle, s'adressa à son frère par la télépathie dont se servaient habituellement les deux vagabonds afin de communiquer entre eux. En effet, le premier démuni de la vue, le second de l'ouïe et de la parole, la communication, que ce soit par des phrases ou un simple langage des signes, se faisait compliquée.
*Dis, Graves... Tu penses que c'est un piège ?
- Je ne pense pas. J'ai lu beaucoup de livres concernant cet endroit. Nous sommes dans l'ancienne taverne qui, à l'époque, se nommait "Hommage à Arborempolis", une cité peuplée d'elfes dans leur grande majorité, qui vivaient d'amour et d'eau fraîche. Néanmoins, depuis les rumeurs qui courent qu'un anormal rassemblement de gros rats peuplent la cave de cette taverne, le tourisme est à son plus bas.*
Alors que Graves restait stoïque, attendant une quelconque apparition du tavernier leur expliquant plus précisément le but de leur chasse-au-rat, Louis s'amusait à se balancer d'avant en arrière sur son tabouret -qui était, il faut le dire, en piteux état-.

C'est alors que s'approcha un homme d'un certain âge, aux rides apparentes malgré son appartenance à un clan elfique, s'adressant en premier temps à Graves, sans se douter de son handicap. Néanmoins, il s'adressa à lui dans une langue inconnue à Louis, l'elfique.
"Sarlaeth typhëall'ya rasts, allacavesque mëmliphest sölnoe."
*Que raconte-t-il ? demanda Louis à son frère.
- Le tavernier est un ancien elfe d'Arborempolia. Il a maintenu ses rites et sa culture à travers son langage. Raconte-moi ce que tu as entendu.
- Il a dit, si je ne me trompe pas, Sarlaeth typhëall'ya rasts, allacavesque mëmliphest... ah, je ne sais plus le dernier mot.
- Ce n'est pas grave. D'après les livres de Père, il nous explique qu'il faudra rapporter à l'homme un gros rat, dans la cave, à l'intérieur des égouts... ce n'est pas très clair, mais on connaît notre boulot.*

Les deux aventuriers s'engouffrèrent alors dans la butte des égouts, se dirigeant doucement en ce qui se trouvait être le cœur du "nid". À plusieurs reprises, pris d'assauts par des rats gros comme un avant-bras, ils durent s'en prendre aux petits rats afin de se frayer un chemin parmi la complexité des souterrains.
Soudainement, Louis attrapa un rat, beaucoup plus gros, dans sa main. Ils estimaient leur quête finie, pensant que leur étourderie de langue leur ayant indiqué qu'il fallait rapporter le gros rat n'était pas tout à fait ça. Le sens exact était d'abattre l'homme-rat, cause de l'invasion de gros rats.
Tournant le dos à l'ennemi, ils ne se rendirent pas compte qu'était dressé derrière eux un rat, beaucoup plus gros que les hommes, aux traits humains, furieux.
Louis, alerté par l'odeur et le simple déplacement du rat se retourna, alors que ce dernier se lançait contre lui. Mais, était-il trop tard ?

Louis d'Yggdrasil a effectué 1 lancé(s) d'un Dé de célérité :: 1

Combat Louis d'Yggdrasil - Ennemi

Louis commence le combat.

Louis d'Yggdrasil : 115
Dégâts : 40

Ennemi :
Mi-homme, mi-rat : 80
Dégâts : 25

Graves regardait son frère, comme s'il savait se débrouiller seul. Il en était sûr, ce rat ne ferait pas le poids contre la puissance de frappe de son frère. En effet, celui-ci, aveugle, arrivait à déceler les parties sensibles d'un corps d'un simple toucher. Si ses yeux n'étaient pas disposés à l'aider, il usait de son ouïe et de son odorat pour s'orienter. Et ce qui allait se passer le prouvait.
Le mi-homme mi-rat, jeté dans le dos de Louis, fut anticipé par les sens sur-développés du jeune homme, et fut interrompu dans son mouvement par la paume de Louis qui, retourné, se déposa contre sa gorge.
Maintenu dans les airs, le rat n'était plus en mesure d'esquiver le moindre coup. Louis, profitant de cet instant, livra un coup d'une violence rare dans l'abdomen du rat. Le rat n'était pas apte à esquiver, ou parer ce coup. Malgré tout, qui pouvait savoir ce qui adviendrait ?

Louis d'Yggdrasil a effectué 1 lancé(s) d'un Attaque - Humain :

Mi-homme, mi-rat attaque à 25 sur Louis.

Combat Louis d'Yggdrasil - Ennemi

Louis commence le combat.

Louis d'Yggdrasil : 90
Dégâts : 40

Ennemi :
Mi-homme, mi-rat : 40
Dégâts : 25

Le coup de Louis fut efficace. Au contact de sa main contre le buste de la bête, celle-ci fut projetée en arrière, laissant le long des murs étroits une flaque de sang tant la violence était grande. Néanmoins, en l'expulsant en arrière, le rat eut le temps de s'accrocher à son bras, et profitant de son recul, le griffa dans toute la longueur de ce dernier. Le sang coulait du bras de Louis, qui baissa la tête.
*Dis-moi, grand frère ? Tu crois que je vais mourir ?
- Louis... Tu es bien plus fort que moi, et je suis bien plus fort que cette bête. Crois-tu vraiment que cette plaie est si grande ? Tu ne le vois pas, mais moi, je vois déjà le sang se sécher sur ton bras, et la plaie se refermer. Ton corps, et même ton âme, est disposée à assouvir les rares tâches que l'on nous demande. Aie confiance en toi.
- Mais, grand frère... c'est ce que veut Selkis, le Dieu des Songes...
- S'il s'agit de ce qu'il veut, il va être servi. Il arrive.*

En effet, Graves ne mentait pas. La bête était déjà en plein saut, à proximité de Louis, la griffe placée en avant...

Louis d'Yggdrasil a effectué 1 lancé(s) d'un Attaque - Humain :

Fin du combat

Louis l'emporte. Il gagne 25 pièces d'or et 20 points d'expérience. Déblocage de la 2e mission.

La bête, en saut, se rapprochait de Louis, alors qu'il ne la voyait pas. Aveugle, ses sens étaient développés, évidemment... Mais l'étaient-ils assez pour lui faire prévoir ce coup ?
Oui. Le bras tendu en avant, la paume ouverte, il profita du mouvement de son adversaire afin de lui transpercer la peau, tant sa vitesse était grande. Oui, il allait vite. Mais Louis ne l'entendait pas de cette oreille. Il prendrait l'initiative, coûte que coûte. Le sang de la bête dégoulinait sur son poignet, prouvant que le coup n'était pas dans le vent. Dans l'impossibilité de se dégager, la bête griffa à de nombreuses reprises le bras de Louis. Mais celui-ci était préoccupé par autre chose.

*Tue-le...
- Je ne veux pas. Il ne fait que rester ici sans autorisation !
- Tue-le... Tue-le, tue-le, tue-le ! TUE-LE !
- Je vous en supplie, arrêtez...*

La voix dans sa tête ne s'arrêta pas. Il ne s'agissait pas là de la voix de son frère, mais de celle du Dieu des Songes. Louis, souffrant de graves troubles morbides provoqués par sa non-voyance -et ce sans qu'il ne le sache-, pensait entendre une voix. Mais tout ceci n'était évidemment qu'une imagination, une idée. Cette voix était insupportable. Elle ne disait rien d'autre que tue-le. Tue-le. Tue-le. Des centaines de fois. Une voix grave. Une voix outre-tombesque. Des phrases courtes. Pas de silence. Aucun répit. L'oppression. L'acharnement. L'obligation. Le besoin de la faire taire, de satisfaire ses besoins pour avoir le calme, la paix.

Louis, la bête au bout du bras, se rua en direction du mur. Une larme de sang coulait alors sur sa joue, ce qui fit comprendre à Graves qu'il était de nouveau possédé par les voix du Dieu des Songes. Il ne pouvait alors rien faire. Habitué à tenter de le résonner, il se doutait que s'il entravait son chemin, Louis risquerait d'être encore plus envahi par ces voix, et irait très mal. Il le laisserait donc faire, le temps que les voix dans les idées de Louis disparaissent.

Un énorme bruit de choc se fit entendre. Louis, le poing contre le mur, venait de donner un coup d'une telle puissance que l'un des murs porteurs commençait à s'affaisser, heureusement trop peu pour faire s'effondrer la bâtisse. Le rat au bout du poing de Louis était littéralement broyé contre le mur, son sang recouvrant le visage du jeune aveugle. Il leva alors son poing, et l'écrasa de nouveau contre le sol, causant un second choc d'une violence rare.
Alors pour s'assurer de la mort du rat, il leva violemment son bras, propulsant le rat dans les airs. Dans son mouvement de rotation, il empoigna une tuile métallique qui était tombée sur le sol lors du premier coup, la tint fermement à deux mains, et finissant sa rotation, livra un coup d'une mortelle violence au niveau du visage du rat.

La tuile en fer, rouillée mais assez tranchante en son extrémité, découpa le visage du rat de façon horizontale, laissant apparaître un flot de sang contre le mur. Si on suivait les traces de sang, on pourrait s'apercevoir que le coup avait été porté au niveau de ses yeux, et c'est bien évidemment que le corps du rat s'affaissa, si meurtri qu'il aurait pu être ramassé à l'éponge.

Louis tomba au sol, sur ses fesses, une larme de sang coulant sur sa joue. Il venait de tuer, et comme à chaque fois, il le regrettait. Il le regrettait tellement qu'il finit en pleurs, des pleurs sincères, et terriblement dures à supporter pour Graves, qui ne pouvait alors ni lui parler, ni l'entendre par télépathie. Évidemment, s'il rentrait alors dans sa tête, il serait broyé par le surplus de remord. Ce n'est pas ce qu'il voulait.
Graves déposa sa main contre l'épaule de Louis, et s'assit à côté. Ils attendaient, là, l'un secouant souvent la tête de droite à gauche, marmonnant que ce n'était pas sa faute, et qu'il était désolé, l'autre, patientant à côté de son frère, le regard flou par les larmes qui ne sortaient pas, mais commençaient à se former.

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