L'aube les avait devancé depuis plusieurs heures quand Lin et Ame sortirent de l'auberge. Le ciel dégagé présageait une journée sans pluie, encore une autre... Mais malgré le dépit qu'apporta cette certitude, Ame gardait une humeur paisible. Elle avait revêtu une cape et ses effets habituels, sa tunique toujours abîmée dissimulée à d'éventuels regards désapprobateurs sous les plis sombres de sa cape.

" Je n'ai nulle destination particulière, puisque j'ignore où trouver ce que je cherche... Serais-tu d'avis de suivre le même chemin?" s'enquit Ame, sans regarder l'orc, ses yeux saphir cherchant une traînée blanchâtre dans les hauteurs célestes.

Elle réitérait sa question posée la veille, puisque celle qu'elle considérait comme son amie n'y avait répondu qu'avec laconisme. La femme précisa sa pensée:

"Que tu acceptes ou refuses, cela ne me fera pas éprouver le moindre sentiment envers toi. Si nous poursuivons la même direction, eh bien j'en serai ravie; mais si se quitter est ton souhait... je reprendrai mes vagabondages."

Elle dévisagea le faciès si étrange de l'orc avant de lui sourire amicalement.

"Nous sommes destinées à nous revoir, j'en ai la conviction. Après tout, deux amies le resteront malgré le temps écoulé jusqu'à notre prochaine rencontre, non?"

Lin observa Ame. Sa question l'avait surprise mais lui convenait.

Un sourire eclera son visage ferme.



-J'accepte avec plaisir de faire route avec toi...



Comment formuler ca? Lin reflechissait a ce qu'elle pourrait dire pour exprimer ce au'elle ressentait mais ne trouvait rien a dire...



-Ne prends pas ca pour une marque d'amitie ou quoi que ce soit. C'est juste que je viens de te soigner et je ne peux laisser mon art etre gache par ta maladresse ou par des bandits de grands chemins. Enfin. Mettons nous en route.



Lin commenca a marcher sans regarder Ame.



-C'est quaaaaand tu veux, hein... Lacha t-elle d'une voix lasse



Un mouvement a sa droite attira son attention. Reagisant a la vitesse de la lumiere, Lin sauta sur le lapin qui etait cache dans les fourres



-Voila le repas de ce soir! Constata t-elle satisfaite



Ne recevant aucune reponse d'Ame, elle se tourna vers elle pour voir sa reaction...



-Ame... ?

Ame resta figée de stupeur.
Un homme remontait de la rue, avançant d'un pas tranquille vers elle. Il était vêtu aussi sombrement que sa peau obsidienne, et ses cheveux cendrés étaient dissimulés sous une capuche large. A sa taille, il portait un fourreau couleur de sang, de la même couleur que son âme... Une grande cicatrice mal guérie zébrait sa joue gauche comme une larme de sang vermeil.

Cet homme....
Son visage revint à sa mémoire, entrainant dans son sillage des souvenirs oubliés. Un autre temps. Des larmes avaient remplacé son incrédulité sur son visage déformé par la rage. Cet homme avait été le rouage qui avait dévié son destin de sa trajectoire... un futur paisible avec l'homme qu'elle aimait. Cet homme habillé de noir, elle n'avait vu pour la première fois, il y a de cela plusieurs années. Quand Sigurd avait rencontré son passé. Quand il dut la quitter.

Cet homme… était un mercenaire employé par les elfes. Un homme sans état d’âme qui avait voulu tuer Sigurd malgré que son ordre soit de l’arrêter.

Pluie diluvienne sur la froidure du bitume...
Ame leva les yeux vers le ciel sombre, et un sourire se dessina sur ses lèvres. Elle aimait tant la pluie… un frisson de joie parcourut son corps, tremblement que l’homme à ses côtés prit pour un tremblement dût au froid. Il ôta sa cape, et en vêtit la jeune humaine. Elle lui sourit tendrement. Puis se blottit un peu plus contre son torse chaud.

Soudain, Sigurd se releva et la poussa sur le côté. Ame se rattrapa avec un gémissement, plus dû à la surprise qu’à la douleur.

« Que.. ? »

Un éclair argenté traversa sa vision.
Sigurd jura, chose rare pour un elfe. Il dégaina deux dagues et les lança dans un recoin derrière lui, entre deux ruelles. Un gémissement se fit entendre et un homme tomba face contre terre.

« Que se passe-t-il Sigurd ?! »

L'humain affalé releva la tête, le visage déformé horriblement par un rictus de colère et de souffrance. Une dague s'était fichée dans son bras et l'autre avait éraflé sa joue gauche.


Ame fronça les sourcils et s’avança résolument vers l’homme. Il ne remarqua pas tout de suite de l’attention que lui portait la jeune femme.

« Que faites-vous ici ? »

Ame l’avait interpelé d’un ton froid. L’homme releva la tête et la dévisagea, intrigué.

« Qui t’es ?
- Sigurd Ljösalfar... Cela vous rappelle-t-il quelque souvenir ?
- Tsss ! Tu sais où il est ? »

Ainsi il ne l’avait toujours pas retrouvé… Ame souffla, heureuse que son amour ne se balance pas au bout d’une corde. Non, rectifia-t-elle mentalement. Les elfes ne pendaient pas les traitres ou voleurs n’est-ce pas ? Enfin..
Soudain, elle entendit le chuintement métallique d’une épée. L’homme avait dégainé son arme.

« Que sais-tu de lui ? Et comment sais-tu que je le cherche ? »

Comme Ame gardait un silence impassible, un grondement s’éleva derrière l’homme puis un fauve à la carrure massive fit son apparition. Il montra ses crocs et gronda.

« Si tu te tais… Je vais t’arracher la réponse ! »

La jeune femme se mit en garde. Elle lui arracherait les réponses.

Les joueurs jouent en premier.


Lintehil : 145
Dégâts : 40

Ame : 184
Dégâts : 45

Ennemis :

Mercenaire épéiste : 130
Dégâts : 40

Fauve dressé : 85
Dégâts : 60

HRP : N'envoyez pas de mp au Juge mais aux administrateurs. Le Juge ne se connecte que lorsqu'il reçoit une demande via un des membres et ne verra donc pas vos messages.

Un mouvement sur sa droite la détourna un instant de ses émotions vindicatives. La jeune femme orc venait de se porter à sa hauteur et sa dague tirée au clair, elle se tenait prête au combat.
Lin… Tu te battrais sans nulle autre raison que parce que je m’y suis engagée ?
Ame ferma les paupières, et ses lèvres tordues par un rictus de colère laissèrent place à un sourire touché.

« Merci » la remercia-t-elle simplement avant d’ouvrir les yeux.

Elle darda son regard glacial dans celui de son adversaire. Son visage était redevenu un masque de froide détermination mais elle gardait l’amitié de Lintehil dans son esprit.
Ame décrivit un demi-cercle en arrière sur le sol avec son pied gauche, portant ainsi son buste vers l’avant. Dans le même mouvement, elle leva sa paume droite dans la direction de son ennemi, la main opposée gardée plus près de son flanc. Ses sourcils se froncèrent.
Elle était prête.

Soudain, une goutte d’eau humidifia sa lèvre avant de s’estomper. Une autre vint la suivre et traça un sillon d’eau le long de sa joue. Tiens… Il pleut ?
Levant son visage étonné vers le ciel azuré, Ame constata effectivement que des nuages gris venaient de s’amonceler au-dessus des trois belligérants. Rien d’autre ne pouvait plus la ravir ! Elle laissa quelques secondes flotter, sa peau rapidement rafraîchie par l’averse glaciale, quand un coup de tonnerre gronda au loin.

Et par cet avertissement tacite, le combat débuta.

Ame rompit sa garde et se propulsa rapidement vers le mercenaire vêtu de noir, -puisque Lintehil avait attaqué le fauve- en profitant de l’appui que lui fournissait son pied positionné en arrière ainsi que l’eau qui allongeait sa poussée. L’eau était son élément, et sa vue s’accommodait naturellement aux conditions malgré que le liquide lui coula dans les yeux. Au lieu d’être un handicap, au contraire il la ressourçait et elle savait en tirer un certain avantage…
En un court instant, elle se porta en face du mercenaire. Une lueur éphémère de surprise passa dans les yeux de l’homme, mais son incrédulité s'accrut quand le coup vint non d'elle mais de Lintehil qui avait changé de cible au dernier moment. Ame l'avait appréhendé, aussi porta-t-elle une attaque imprévue par le fauve: elle lui projeta son pied vers la mâchoire.

Ame a effectué 1 lancé(s) d'un Attaque - Humain :

Mercenaire épéiste attaque à 40 sur Lintehil
Fauve dressé attaque à 60 sur Lintehil

Les joueurs jouent en premier.


Lintehil : 45
Dégâts : 40

Ame : 184
Dégâts : 45

Ennemis :

Mercenaire épéiste : 80
Dégâts : 40

Fauve dressé : 40
Dégâts : 60

Quand les deux adversaires attaquèrent simultanément son amie, Ame étouffa un juron : un tel assaut l’avait assurément blessée, peut-être gravement… Poussés par leur hargne d’avoir reçut tous deux un coup porté, Homme et bête avait élu une seule cible pour l’achever de manière rapide sans doute ; de plus, le mercenaire espérait de sa part quelques informations, qu’elle ne lui avouerait pas même sous la torture dut-elle en mourir. Si Ame n’intervenait pas rapidement, le combat risquerait de prendre une tournure alarmante, et pas seulement pour elle mais aussi pour sa compagne…

Aussi s’élança-t-elle de nouveau vers ses cibles. Cette fois, la même ruse ne marcherait pas, c’est pourquoi Ame réfléchit rapidement la personne à frapper. Le fauve haletait, la gueule en sang, à cause du précédant coup de la jeune humaine. En évaluant l’état de Lin, elle pensa plus approprié d’achever rapidement la bête écumante mais aux griffes redoutablement tranchantes ; car Ame avait remarqué un détail intéressant : son épée était émoussée, et avait ainsi perdu un peu de sa capacité contondante. La lame infligerait des plaies mineures comparées à celles que pourraient causer l’animal…



Elle se rua vers le fauve accroupi en avant, prêt à porter une attaque finale à Lintehil. Et avant qu’il n’aie pu s’élancer, elle lui balança violemment son talon dans les côtes par une rotation sur son pied opposé.

Ame a effectué 1 lancé(s) d'un Attaque - Humain :

Lintehil recula sous le coup en jurant. Le tigre plus le mercenaire, ça commençait à faire beaucoup. Elle avait le bras entaillé et avait besoin de se ressourcer. Ne disposant pas de quoi restaurer son énergie, elle soupira avant de sortir son arme pour la frotter contre sa jambe. Arrosée de sang, elle risquait de coller et de ne plus sortir de son fourreau.
Se mettant en garde, elle observa les coups des adversaires. Un à droite, un à gauche... Elle évita le coup de griffe du félin et pivota pour lui asséner un pied mais il prévu son mouvement et l'esquiva à temps.
Elle re-jura, se rapprocha d'Ame et pivota vers l'humain.
Son arme serrée dans la main, elle s'approcha lentement et feinta à droite. Profitant de son inattention, son pied remonta dangereusement vers le cou de son ennemi.

Jeylee Sheen Asagi a effectué 1 lancé(s) d'un Attaque - Orc :

Mercenaire épéiste attaque à 40 sur Lintehil.

Lintehil : 5
Dégâts : 40

Ame : 184
Dégâts : 45

Ennemis :

Mercenaire épéiste : 40
Dégâts : 40

Fauve dressé : 0
Dégâts : 60

Lintehil… Tiendra-t-elle le coup ? se demanda Ame en gardant un œil sur le mercenaire enragé.
Car englué dans sa propre souffrance en grande partie infligée par Lin, il fixait les deux femmes d’un air… terrifiant. Mais Ame avait affronté pire que cela ; du moins essayait-elle de s’en convaincre. Avisant une faille dans la garde de l’homme, Ame n’hésita pas plus longtemps : ruant vers son ennemi pour un ultime assaut, elle lui porta un coup qui se voulu mortel, entre les deux jambes… car la force bien ajustée et le coup précis, cette attaque basse pouvait expédier un homme dans le coma voire le tuer subitement. Ne restait plus qu’à atteindre le point mortel avec la dose exacte de force

Ame a effectué 1 lancé(s) d'un Attaque - Humain :

Lintehil souffla en voyant son adversaire s'écrouler. S'écroulant par terre, elle sortit de sa besace une crème à base de graisse de loup-garous et s'en tartina le visage et les avants-bras.

-Tu en veux? Proposa-t-elle à Ame

Elle lui tendit le pot en continuant de babiller avant de s'interrompre. Le lapin. Le lapin avait disparu... Qui lui avait prit son lapin? Qui? QUI?
Bref. Donc Lin lacha le pot et regarda les fourrés attentivement... De la chance? Peut être bien. En tout cas, l'orc se leva et s'approcha lentement des buissons. Avec un peu de chance, ce serait... Un sanglier. Et ben voyons...
Elle l'égorgea sur l'instant avant de l'amener à son compagnon

-C'est pas du lapin mais c'est bon quand même...

Ame observa avec une certaine perplexité l’incongrue couleur du baume de Lintehil, aussi surprenante que l’âcre fragrance qui s’en élevait. Avec une juste méfiance donc, elle se tenta à essayer d’en deviner la composition louche…
Crème – à base de graisse de loup-garous-
Ah.

« Ca ira, Lin. Garde cette pommade pour toi, mes blessures sont superficielles comparées aux tiennes. Néanmoins, merci de m’en avoir proposé. » fit Ame avec un sourire un peu amusé mais sincère.

Elle l’entretint de paroles quelques peu futiles avant de stopper subitement son flot – qui paraissait alors intarissable à Ame – et d’observer une expression faciale alarmée. Rapidement, l’orc fronça ses sourcils, et sa mine angoissée se mua en un air méfiant… ou attentif ?

Ame en eut promptement la réponse : Lin s’était soudainement ruée dans un fourré sombre avant d’en ressortir joliment vêtue d’une cape de feuillages, d’une couronne de branchages, et en guise de sceptre, un sanglier égorgé d’une main experte.

Cette orc bien sympathique ne pensait donc qu’à se sustenter ? Enfin, plutôt à s’empiffrer… Se dit la jeune humaine en regardant Lintehil arracher au cadavre animal des lambeaux de sa chair, un bruit de succion et de déchirement accompagnant.
Bien que la femme eut été de maintes fois confronté à de pires… heu… tendances, ce spectacle lui avait définitivement ôté tout appétit. C’est pourquoi elle déclina l’offre de son amie une nouvelle fois.

Pendant que cette dernière emplissait sa panse, Ame se porta au niveau du mercenaire occis. Arrivé devant son corps en agonie, elle s’accroupit et tourna la tête de l’homme face contre terre de manière à ce qu’elle puisse le détailler.

« Qui… es-tu ? »

La voix rauque de l’homme la surprit vivement. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il aie survécu à ses blessures ! Et encore moins qu’il aie eu la force de parler…
Une bile jaunâtre et sanglante s’échappa de ses lèvres sanguinolentes.

Peut-être vivait-il, mais l’ombre de son trépas était assurément visible sur ses talons.
Ame regarda dédaigneusement le flot orangé couler le long du menton du mercenaire, sans dégoût ni pitié. Il ne méritait pas qu’on lui fasse l’honneur de tant de sentiments.
Au lieu de cela, elle allongea sa main droite et posa sa paume sur le front de l’homme afin de l’immobiliser d’une main. Froidement. Le visage vêtu d’un masque impassible.

« J’ai gagné. Dis-moi qui tu es.
- Noallan… Epheïsto » lâcha-t-il d’une voix rauque.


Epheïsto… Ce nom ravivait quelque souvenir en Ame, sans qu’elle ne puisse l’identifier aisément. Epheïsto… Epheïsto… Mais où avait-elle put bien l’entendre ?!
Epheïsto.

Sigurd Epheïsto.

« QUI ES-TU ?! s’écria Ame, des larmes de rage, de douleur dévalant ses joues sales. POURQUOI POURCHASSE-TU SIGURD ?!
- Je suis son… frère…
- Non. Tu mens. Sigurd n’a jamais eu de frère. Sa famille a été tuée par un dragon. Il me l’a assuré. Il me l’a confié.
- Mais… Ne t’as-t-il jamais révélé… que ce dragon… c’était moi ? »

L’humaine plaqua violement le visage de l’homme contre le sol, serrant l’étau de ses mains.

« Ne raconte pas des idiotes. Cela m’importe peu de toute manière. Mais dis-moi où se trouve Sigurd. »

Un sourire railleur se dessina sur les lèvres de l’homme, qui eut la force de lui cracher au visage.

La rage envahit Ame et elle enfonça ses doigts dans le crâne du mercenaire qui gémit de douleur.
Ame approcha son visage de celui de son prisonnier. D’une voix douceâtre, légère, sombre, méprisante, elle souffla à son oreille :

« Dis-moi où il est. Ou mon ire sera telle que je te ferai subir pires tourments que la mort qui t’es pourtant si proche… Elle te sera inaccessible… Tu plieras ton ego et ta fierté stupide pour me supplier en pleurs le trépas… Tu redécouvriras la signification de la douleur. De la souffrance. De l’agonie sans porte donnée sur la mort apaisante. Tu vivras… Sans vivre. »

Ce faisant, elle avait extirpé d’une de ses poches une longue aiguille, aussi fine qu’un demi-grain de sable. L’homme restait muet, un air de braverie plaqué sur le visage. Très bien. Allons-y.

Elle maintint son genou contre le torse du mercenaire avant de lui ôter ses bottes noires.

« Mais… qu’est-ce que vous allez me faire ?... Me curer les ongles de pieds ?
- De toutes les parties du corps humain, les pieds sont celles les plus riches en terminaisons nerveuses, fit-elle simplement dans un murmure.
- Hein ?! »

Elle enfonça une aiguille entre l’orteil et le doigt de pied adjacent. Il hurla…


Ame se releva, et fit de nouveau face à l’homme à la respiration haletante.

« Alors ? s’enquit-elle.
- Va te faire… »

L’humaine lui retira son veston.

« Si tu n’es toujours pas décidé, eh bien, je déciderai de faire offrande de ton corps souillé à quelque prédateur de passage. Des souris peut-être ? Ou mon amie orc, bien que je ne connaisse son régime alimentaire. »

Quand elle l’eut dénudé de plus que de moitié, Noallan la supplia enfin, ayant compris que cette humaine ne le laisserait pas mourir en paix.

« Hukutav… »

Aux marais ? Que viendrait y faire Sigurd ? Ame n’en avait point la réponse, mais l’ayant avoué sur son lit de mort, snas doute ces paroles avaient-elle une part de vérité.

« Merci… Va en Enfer. »

Elle perça son artère avec l’aiguille. Noallan Epheïsto mourut ainsi.
Sa tâche funèbre accomplie, elle détroussa l’homme et trouva un billet dans l’une de ses poches :
Ord e de iss on au dé om é Noal an E he sto : aquer le Parj re, le T eur de agon afin de l’a men r n l’I lustre ité d’ dorial. D livré p r l’es rit Sylvain.

Des lettres avaient été effacées à cause des pliures… Une mine songeuse arboré sur son visage, Ame revint vers Lintehil qui avait fini de déjeuner. Petit-déjeuner plutôt, songea Ame en scrutant le ciel sombre.

« Lin, tu pourrais m’aider à retranscrire ce texte ? »

Elle lui tendit le billet et déclara :

« Le début est simple : Ordre de Mission au dénommé Noallan Epheïsto. Le reste est plus ardu… »

Lintehil écouta Ame refuser son offre avec un sourire amusé, devinant la raison puis commença à en arracher des morceaux. Tournant le dos à l'humaine, elle ne la vit pas partir en direction du mercenaire.
Le sang dégoulinait de sa bouche tandis qu'elle cherchait à engloutir le plus de viande possible.
Hum... C'était tellement... Bon! Savoureux! Tendre! Bien sûr, ce n'était rien en comparaison d'un lapin mais cette viande avait le mérite d'exister et, quel mérite!
Un hurlement soudain la fit sursauter et la viande tomba de sa bouche. Elle se retourna vivement sur Ame qui était penchée sur l’ennemi.

-Ame, tu fais quoi ? Lui demanda l’orc intriguée

Ne recevant aucune réponse, elle haussa les épaules puis retourna manger la viande crue puis, ayant fini, se leva, s’étira et alla chercher de quoi faire un feu.
L'humaine lui demanda de l'aide pour retranscrire un texte alors elle se pencha dessus et réfléchit longuement:

-Je dirais... traquer le Parjure, le Tueur de dragon afin de l’amener en l’Illustre cité d’ Endorial. Délivré par l’esprit Sylvain. Mais je ne suis pas tout à fait sure...

« Sans doute as-tu raison. Mais ça ne m’aide pas vraiment à en saisir plus précisément le sens… les informations du mercenaire (soupir) avaient déjà fourni les mêmes indices. Et zut ! »

Ame ne put s’empêcher de projeter violement son pied dans le cadavre animal. Déjà un âpre relent de décomposition embaumait l’air autour du fauve occis, une fragrance qui éveillait en Ame des souvenirs refoulés. Sciemment. Aussi s’éloigna-t-elle du corps gisant, récupérant lentement son calme.

« Lin, manges-tu du fauve ? Faisandé, il pourrait nous permettre de voyager plus longtemps sans perdre de temps à chasser… Pour ma part, m’en sustenter ne me dérange pas, j’ai déjà consommé des mets ayant un aspect bien moins goûteux que celui-là. »

Prochaine destination ?
Hum… En songeant de nouveau au texte du mercenaire, une déduction lui parvint finalement à son esprit bouleversé et dépité. Si Sigurd ne se trouvait pas à Endorial, il ne devait pas être trop loin, puisque le traqueur le cherchait à la périphérie de la ville où elle l’avait croisé.
Sigurd…
Non. Elle avait depuis longtemps renoncé à chercher vainement quelque trace de cet elfe ayant disparu du jour au lendemain. Mais il était désormais déclaré Parjure, ou bien l’était-il déjà lors de leur rencontre ? Elle en avait marre de penser à lui. Cela ne faisait que freiner sa volonté, et c’est en voulant aller de l’avant qu’elle pourrait accomplir quelque chose de sa vie.
L’oublier.
Sans doute était-ce le meilleur choix à faire…

« Alors, Lin, prête à partir ? »

-Alors, Lin, prète à partir?

L'orc leva lentement les yeux sur Ame qui l'observait avec un sourire satisfait. Comment ça, prête à partir? Ne me sous-estime pas, très chère... J'irais là où tu iras, ne l'oublie pas.

-Prête à partir? La question ne se pose même pas! Quand au fauve... J'adore ça! C'est juste trop bon, les os craquent lentement sous les crocs et en plus, il n'ont pas de graisse! En plus, leurs crocs sont tellement pratiques! Avec, je peux faire plein de colliers qui me servent pour des cérémonies et avec leur sang des onguents pour les blessés! Comment ne pas aimer un animal aussi adorable! Oh, j'aime tant ces animaux!

Lin arrêta brusquement de se dandiner et ouvrit des grands yeux avant de s'écrier d'une voix affolée qu'elle devait oublier ce qu'elle venait de voir. Elle se calma et respira un bon coup avant de déclarer qu'on pouvait y aller.