Zétide croulait sous le poids de sa fatigue, de sa soif, de sa colère. Il croulait sous le flot abondant des maux dont ses muscles l'accablaient. Il croulait,c'était évident, mais il croulait surtout de rage.
Sa race avait été humiliée. Non, son amour propre lui même avait été déchiquetée par le fouet, par les chaînes, par les coups, par les rictus, par son incapacité à échapper au geôlier, par sa détention.
Il avait fui, oh pour ça vous auriez pu compter sur lui. Cela faisait plusieurs mois, voir même quelques années qu'il croupissait en prison et seulement une semaine ou deux qu'il s'était évadé.

Il n'avait pas fait autant de chemin qu'il espérait, ne pouvant pas utiliser ses ailes en piteux état pour reposer ses jambes douloureuses. Ses genoux n'était plus que de la boue, comme le reste du bas de son corps et de ses ailes.
Même après avoir quitté les marais avoir quitté les marais infectes, il n'avait pas vu une seule âmes vivantes douée d'intelligence. En revanche, il avait croisé un voyageur bien chargé. Un voyageur humain pour préciser.
Le jeune stryge n'avait ressenti strictement aucune pitié ni aucun remords lorsqu'il l'avait pillé, torturé longuement puis, tué. Il avait pu se rassasier et étancher sa soif à souhait, puis s'était regroupé toute les provisions dont il aurait besoin, lesquelles étaient dorénavant épuisées.
Mais le sacrifice de ce pauvre homme n'avait pas apaiser la colère du stryge.
Il haïssait plus que jamais ce qui l'entourait. Il exécrait plus que toujours la race humaine. Ce qu'il voulait? Un génocide immédiat dont il serait le commanditaire: il commencerait d'abord par les femmes, car une fois celle-ci mortes, la race humaine était condamnée. Il voulait voir chacun de ses êtres souffrir atrocement à un tel point, qu'ils crèveront tous.
Oh, c'était une idée qui diffusait une joie taquine, précipitée, dans le corps du jeune stryge.

Cela faisait donc plus d'une semaine qu'il marchait et il était arrivé à l'orée d'un bois. Ce qu'il désiraient plus-que-tout pour le moment, c'était de ne pas tomber sur une de ses races humanoïdes pacifiste.
Il ne pourra pas supporté leur présences et son esprit aura trouvé le déclic pour baigner son corps dans un bain de sang. Chose qu'il lui aurait plutôt fait plaisir en temps normal, or il était las. Il ne se reposerait qu'une fois sa marche dans les bois bien entamée, mais pour l'instant il ne pouvait rien faire d'autre que de marcher encore et encore.
Alors, il se reposa, et, ses mots lui engourdissant le corps, il sombra dans le sommeil.

Eiko chantonnait gaiement. ça pour chantonner, elle chantonnait. Gaiement, ça c'était moins sûr. En effet, la jeune humaine était persuadée d'être suivie. Oh, rien de bien méchant ! Très certainement un ou deux gardes qui avaient du la voir à la sortie de la ville et la trouvait à leur goût. La jeune fille avait passé quelques nuits à Endorial et en sortant de la ville elle avait entendu les sifflets des gardes. En soupirant, elle n'avait pas fait attention. Mais maintenant, elle se savait suivie, seule, dans une forêt et en plus, il faisait nuit. Et donc non, Eiko n'était pas sereine. Elle était même assez inquiète. Apeurée presque. En soupirant, elle se demanda ce qu'elle devait faire. Continuer à s'enfoncer dans les bois ? Ou bien leur faire face et prendre le risque de voir la nuit très mal tourner ? Sa soeur aînée lui vint à l'esprit. Son modèle. Elle, n'aurait pas couru au devant d'ennuis comme ceux-ci. Mais dans ce cas-là qu'aurait-elle fait ? Elle aurait sûrement tenté de piéger ses adversaires et c'était que ce qu'Eiko comptait faire. Elle attendit un instant sur place histoire de vérifier qu'ils étaient toujours présents. Hum pas très discrets pour des gardes; en la voyant immobile, de loin, il s'arrêtèrent dans un piétinement, cassant plusieurs branches et en riant. Sûrement souls, ces deux là. Eiko partit soudain en courant. Elle les entendit jurer tandis qu'ils se mettaient à sa poursuite.

-Eh petite ! T'enfuis pas comme ça ! Allez on va te ramener à tes parents !

Eiko ricana silencieusement. La ramener à ses parents ? Mais bien sur ! Elle accéléra et tandis qu'elle courait elle fouillait les alentours du regard cherchant désespérement une pièce de tissu rouge. En effet, sa magnifique chevelure rouge luisait presque à la clarté de la lune et cela rendait l'humaine immédiatement repérable. Soudain, elle eut un éclair de génie. Elle se souvient avoir acheté une châle de soie dans un boutique trois jours plus tôt. Le marchand lui avait vendu car il avait la couleur exacte de ses cheveux. Fière de son idée, Eiko courait toujours. Elle commençait à êter essouflée et faillit trébucher sur une racine dissimulée sous une couche de feuilles mortes. Se rattrapant in extremis, elle reprit sa course. Derrière elle, les deux gardes continuaient de courir. Ils étaient un peu trop endurants à son goût. Avisant une biche qui passait par là, Eiko ralentit et se cacha derrière un arbre. Elle avait toujours attiré les animaux, qu'ils soient sauvages ou domestiques. La biche s'approcha vite d'elle. Eiko lui attacha ingénieusement le châle rouge sang autour du crâne. La biche était grande, et dans la pénombre, les gardes ni verraient que du feu. D'ailleurs elle les entendit s'approcher. Ils ne la voyaient plus et la cherchaient.

-Allez petite ! Sors de là, la forêt c'est dangereux la nuit !

Ne les écoutant pas, Eiko donna une forte tape sur l'arrière-train de la biche qui partit dans la direction opposée à celle des deux gardes. Ceux-ci se précipitèrent à la suite de l'animal sans remarquer le subterfuge. Eiko retint son rire, elle aimerait bien voir la tête que feraient ces deux-là en attrappant la biche, s'ils l'attrappaient un jour. Une fois le calme revenu sur le forêt, Eiko partit à la recherche d'une clairière. Toute à sa recherche, Eikone ne vit pas la forme noire étendue sur le sol. Et comme à son habitude, elle alla rejoindre le sol de la forêt. Se revlevant en râlant, elle poussa avec un bout de branche la forme. Celle-ci bougea et marmonna puis commença à ronfler. Eiko rit discrètement. Et se figea en sentant le fraicheur d'une lame sur sa gorge. Elle ne savait pas si c'était l'ombre ou les gardes, elle ne voyait plus rien.

-Heu.. Et si on discutait tranquillement ?

UP ?