Le Quatrième Âge débuta il y a 7500 ans environ, soit un gros millénaire après la tragédie de Fata-Morgana et l'arrivée des
Nagas. Neuf races foulaient désormais les terres dùralassiennes, tandis qu'une dernière restait dans l'eau, coupée du reste du monde. Chaque peuple avait développé sa propre culture, ses propres cultes, ses propres tribus et/ou cités. Des évolutions furent aussi notées chez certaines races, avec l'apparition des
Halfelins (ou nains des champs) chez les Nains (que l'on soupçonne être des progénitures d'elfes et de nains réunis), ou l'apparition des
Hommes-lézards chez les Nagas. Le premier événement qui marqua l'introduction à ce nouvel âge fut la fin de la guerre des Géants, qui s'était étalée sur plusieurs millénaires. Ce furent la famille des Jötunn et les familles alliées qui sortirent victorieux de ce terriblement affrontement, dont la durée ne fut jamais égalée lors d'un conflit, (en sachant que chez les Géant, une bagarre se termine généralement en quelques mois, voire semaines).
Des changements dus aux fluctuations climatiques eurent également lieu, comme le verdissement des territoires du Nord, qui donnèrent naissance aux
Plaines d'Aràn que nous connaissons, ou au recul de la mer sur le continent, qui fit apparaître deux nouvelles zones géographiques :
une plage au sud des Terres désolées du sud, et un enchevêtrement de cavernes à l'est des Terres désolées, qui seront appelées les
Cavernes de Spelunca. Ce furent ces changements qui poussèrent les Hommes à élargir leur curiosité et à aller voir cette grande étendue d'eau bleue dont les ménestrels chantaient déjà les louanges. Et, en quelques années, les Humains se mettaient désormais à peupler la côte, installés près de la plage, des cavernes de Spelunca, ainsi que ce que nous appelons la
Red Sun Belt, cette grande plage de sable rouge, qui aurait été pigmentée au fil des années par du corail, lorsque cette partie du continent se tenait encore sous la mer.
Ceux qui habitaient les cavernes de Spelunca étaient une centaine, tout au plus. Ils se décomposaient en huit grandes familles : quatre habitaient à l'
Ouest du massif, et les quatre autres familles s'étaient installées à l'
Est du massif. Vivant dans les cavités creusées par la mer, ces hommes étaient particulièrement belliqueux et primitifs, ils aimaient se battre, chasser, dominer. Un hiver, alors que le froid s'était abattu sur l'ensemble du continent, plusieurs hommes partirent en expédition pendant plusieurs semaines, en quête de nourriture pour subvenir aux besoins de leurs proches. Ils se rendirent là où la faune était abondante, et là où ils pourraient se dissimuler parmi les arbres pour attraper leurs proies. Une nuit de pleine lune, alors qu'ils étaient fourrés dans des bosquets pour chasser des cervidés, un homme tomba nez à nez avec un loup, affamé et agressif. Ce loup était plus grand que les loups communs, plus trapu, plus poilu. C'était un de ces fameux loups préhistoriques, espèce pratiquement éteinte désormais. Les deux chasseurs échangèrent d'abord des regards de méfiance et de rage, puis le loup passa à l'attaque. S'en suivit alors un combat qui dura une bonne heure, dont l'humain ressortit victorieux, toutefois en se faisant mordre à diverses parties de son corps. Blessé mais soulagé, il prit l'animal mort sur ses épaules, et repartit retrouver ses compagnons ; ils auraient de quoi manger pour l'hiver.
Lorsqu'ils rentrèrent aux cavernes de Spelunca, les troglodytes les accueillirent en héros. Non seulement ils ramenaient des vivres, mais ils étaient en plus félicités par leurs exploits. On narrait partout dans le massif le combat entre le loup et Renfìr, l'homme qui avait battu un loup préhistorique. Un mois s'écoula et tout semblait aller à merveille pour les habitants de Spelunca. L'hiver venait de se terminer, et les températures remontaient progressivement. Mais, un beau matin, le village se réveilla dans un climat étrange : cinq personnes -dont des enfants- venaient d'être retrouvées mortes, chacune dans une mare de sang, le corps déchiqueté à divers endroits, quand il n'était pas simplement décapité. Étrangement, ces morts survinrent seulement dans le côté Est du massif, à quelques grottes d'intervalle. Une bête devait certainement rôder dans les parages, un ours peut-être, il convint donc d'être plus vigilants pour les jours à venir. Mais rien n'arriva et on déclara l'affaire close. Un mois plus tard, jour pour jour, la même chose survint un bon matin. Cette fois, dix personnes venaient d'être déchiquetées dans leur sommeil, le tout baignant dans un bain de sang. De nouveau, la thèse de l'ours fut évoquée, et on décida de renforcer la vigilance pour les prochains jours en effectuant des tours de garde. Mais plus rien ne se produisit. Le nouveau mois, toujours la même rengaine : des meurtres eurent lieu la nuit, dans l'Est du massif, mais cette fois-ci, un homme eut le temps de se réveiller et de riposter contre son agresseur avant que celui-ci ne le déchiquète. La victime réussit ainsi à faire fuir l'agresseur, ce qui lui permit d'apercevoir le coupable grâce à la lumière émise par la pleine lune ; l'être qu'il aperçut était bipède, il avait une sorte de fourrure en guise de tête, comme si sa tête était celle d'un animal (il faut remettre les choses dans le contexte : à cette époque là, les Humains étaient encore vêtus avec des peaux de bête et de la fourrure, et ce pour tout le corps). Le matin même, il reporta les faits à ses proches, et des rumeurs se mirent à circuler : beaucoup commençait à croire que l'assassin se trouvait parmi les rangs des gens de l'Ouest du massif, et qu'ils voulaient dominer les familles de l'Est.
Les premières tensions furent palpables et bientôt l'état d'esprit changea, on faisait la césure entre le massif de l'Ouest et le massif de l'Est, toutefois en restant dans un climat pacifique. Mais lorsque la nouvelle pleine lune arriva... L'événement se propagea, il y eut trois nouveaux morts dans le massif de l'Est, et cinq morts dans le massif de l'Ouest, ce qui n'était jamais arrivé auparavant. La réaction fut immédiate : ceux de l'Est se mirent véritablement à penser que ceux de l'Ouest leur voulaient la mort, tandis que ceux de l'Ouest pensaient que l'Est avait perpétré ces meurtres dans le but de se "venger", bien que la vengeance ne soit pas justifiée. Un conflit éclata, et les deux camps se mirent littéralement à se taper dessus, rejetant la faute sur les autres. En à peine quelques jours, les habitants de l'Ouest furent complètement terrassés ; notamment par Renfìr et celui qui avait fait fuir son assassin : ils semblaient jouir d'une force et d'une rapidité décuplées. Plus intéressant encore : à l'approche de la fin de la bataille, alors qu'il restait une dizaine d'individus de l'Ouest sur lesquels Renfìr se défoulait, celui fut soudainement métamorphosé en... énorme loup. S'en apercevant même pas, il continuait d'attaquer, inlassablement, imperturbable. Prenant peur, ses ennemis décidèrent de fuir et de se retrancher au fin fond des cavernes du massif Ouest, ou en disparaissant tout court... Renfir, lui, reprit par la suite sa forme humaine, presque "normalement". A la fin, ses congénères, croyant qu'il était frappé par une quelconque grâce divine (qui se révéla, bien plus tard, être en fait un virus transmis par le loup), le nommèrent chef de leur tribu. Mieux encore, ils voulurent "goûter" à cette puissance, et demandèrent, progressivement, à être mordus/griffés, pensant que c'était par l'affrontement et la blessure qu'ils pourraient devenir des Hommes-animaux. A partir du moment où ils furent contaminés, les meurtres cessèrent, et les hommes de l'est (ceux qui avaient survécu au processus de transformation) s'entraînèrent à contrôler cette transformation, comprenant au fur et à mesure qu'ils devenaient incontrôlables à la pleine lune. C'est ainsi que, à partir d'un pauvre loup contaminé, la race des
Loups-garous apparut.
Dans un même temps, les rescapés du Massif de l'Est s'étaient réfugiés dans les plus profondes grottes, voulant se cacher dans l'obscurité absolue, et ne pas être repérés par le monstre qu'était Renfìr. La grotte dans laquelle il se réfugiait était tellement longue, qu'on décida de l'appeler la
Caverne sans fin. Dans l'obscurité, la plupart dépérirent, soit assoiffés, soit souffrant d'inanition, soit sombrant dans une folie. Et, au bout de quelques semaines, seuls un homme et une femme étaient encore en vie. Ils étaient faméliques, et se nourrissaient des rongeurs qui passaient près d'eux, les attrapant avec le bruit qu'ils faisaient. Leur vision s'était quelque peu adaptée à l'obscurité, bien qu'il y fit toujours extrêmement sombre, et leur teint était devenu blafard ; la peau était tellement blanche que les rayons du soleil, à l'extérieur de la grotte, les aurait certainement brûlés... Un jour, alors que la femme périssait à vue d’œil, trop faible pour bouger, une lueur vive s'alluma, loin dans la grotte. Elle s'approchait d'eux petit à petit, et elle éclairait complètement les endroits où elle passait. Ils la virent enfin, en face-à-face. C'était visiblement une dame, vêtue de rouge et de gris, avec un étrange collier en perles nacrées. Elle semblait être une déesse, un ange... Et elle était armée d'une dague dorée. Sans pitié et avec une extrême rapidité, elle planta la dague dans le cœur de l'homme et le cœur de la femme, les assassinant d'un coup bien placé. Pendant qu'ils agonisaient, elle leur murmura, d'une voix chantante :"Vengez-vous ! Le sang appelle le sang, vous aurez Justice.", et elle partit.
Une centaine d'années plus tard, les deux êtres s'éveillèrent. Ils étaient toujours dans la même grotte, mais se trouvaient désormais près de l'entrée, dans une vaste cavité, assez grande pour contenir plusieurs personnes... Leurs corps avaient été conservés tout ce temps, et étaient dans le même état qu'il y a cent ans. Ils étaient toujours aussi faméliques, toujours aussi pâles, mais pourtant... Ils se trouvaient étrangement vigoureux. Leurs sens s'étaient affutés, ils percevaient mieux les bruits dans la caverne, et surtout, ils étaient épris d'une grande soif de sang. Par le plus grand des hasards, les corps de leurs proches était également dans la pièce, disposés çà et là, intacts, voire en meilleur état que lors de leur mort. Sans attendre, le couple fonça en direction des personnes, pour leur vider de leur sang.
Une fois qu'ils furent rassasiés, une étrange chose se produisit : plusieurs des personnes qui avaient été vidées de leur liquide vital semblèrent se mouvoir, ils revenaient progressivement à la vie, mais avec un changement drastique au niveau de leur peau, de leurs cheveux, de leurs yeux. Ils étaient différents, mais ils ressentaient cette haine et cette envie de se venger à l'égard des habitants du Massif de l'Est. Désormais, ils se souvenaient de tout, et ils se sentaient assez forts pour détruire les autres familles. A la suite des lycans, les
Vampires venaient d'émerger du fin fond des grottes dùralassiennes, et ils s'apprêtaient à former l'une des races nocturnes les plus dangereuses de Dùralas. Une
Etude vampirique traite d'ailleurs des Mythes fondateurs de cette race, pour les férus d'informations.
Mille ans passèrent. Désormais, l'affrontement entre
Lycans et
Vampires était monnaie courante dans les Cavernes de Spelunca. Les deux races se vouaient une haine mutuelle, et chacune se revendiquait comme étant "le plus grand prédateur nocturne du massif Spelunca". Elles s'étaient particulièrement étendues et comptaient plusieurs centaines d'individus chacune. Chez les Vampires, une hiérarchie s'était désormais installée : il y avait les vampires dits "Originels" (ou Goules), qui étaient les tous premiers et qui ressemblaient à des chauve-souris humaines, du fait de leurs ailes et de leur bestialité (le virus leur a progressivement ôté toute notion d'humanité), les vampires par héritage, c'est-à-dire nés vampires, et les vampires mordus, c'est-à-dire transformés. Curieusement, une hiérarchie similaire -bien que moins prononcée- s'était également instaurée chez les loups-garous, à croire que les deux races partageaient beaucoup de points communs. Puis, au fur et à mesure que le conflit avançait, une certaine lassitude s'est installa chez une minorité d'individus, ils voulaient éviter le conflit au maximum, voire trouver un terrain d'entente avec les ennemis. Mais pour la majorité, bien évidemment, ceci était tout bonnement impossible. Jusqu'au jour où une arrivée bouleversa le cours des choses... Un jeune magicien, nommé Spelunca (on ne vous expliquera pas pourquoi), voulut mettre un terme à ce conflit, pour la simple et bonne raison qu'il était le premier être hybride à naître, mi-lycanthrope, mi-vampire, et que ses parents avaient été inutilement massacrés par leurs congénères. On raconte que ce jeune Spelunca passa un pacte avec un puissant démon, qui lui conféra une puissance inouïe, lui permettant de dresser une barrière entre le massif ouest et le massif est. En échange, le sacrifice fut la mort de ce jeune magicien, qui était mort en tentant de mettre fin à la guerre. Cette barrière s'étendrait, depuis, pile au milieu du massif, paralysant chaque vampire ou loup-garou qui tenterait de passer de l'autre côté. Ainsi fut créé le
Pacte de Spelunca. Il aura permis d'arrêter une guerre frontal entre les deux camps, mais pas leurs tensions car, encore aujourd'hui, les Vampires et les Lycanthropes ne peuvent pas, ou presque pas, cohabiter ensemble.
Dans une période à peu près similaire, soit il y a 6000 ans environ, un conflit éclata dans l'Ouest cette fois-ci entre les Humains qui vivaient dans les
Marais Hukutav, et les Elfes sylvains de la
Forêt Sylfaën. A cet endroit-ci, les humains s'étaient particulièrement étendus, ils avaient plusieurs petites villes, et ils commençaient de plus en plus à déborder sur la forêt Sylfaën, coupant les arbres pour s'en faire des demeures. Le taux de criminalité augmentant par ailleurs en cet endroit, ils avaient décidé de construire une grande prison, la prison d'Alquateraze (désormais connue comme
Les Ruines d'Alaquateraze), une grande prison pour y enfermer les hors-la-loi. Le problème, c'est qu'ils étaient passablement intransigeants et racistes, ce qui les poussaient à enfermer régulièrement les hommes, elfes, nagas, qui foulaient leur territoire et qui osaient ne pas respecter une de leurs nombreuses lois. Les êtres sylvains du sud de la forêt, aidés par la Garde Zéphyr et n'en pouvant plus de cette situation, décidèrent de partir à l'offensive face à ces hommes extrémistes et brutaux. Le conflit ne dura guère plus de dix années, mais les conséquences furent importantes : on ne sait pas exactement ce qu'il advint, mais ce que l'on sait c'est que la ville d'Arborempolis fut détruite pour donner naissance à la ville d'
Endorial, la cité des arbres ou "cité feuillue" en elfique (probablement pour éviter au maximum les dommages en cas d'attaques ennemies), le dépeuplement des marais Hukutav par les Humains, qui conservèrent juste la maintenance de la prison d'Alquateraze, et la construction d'un château en l'honneur d'un seigneur Haut-Elfe, Seigneur Sylvestre de la Garde Zéphyr, un certain "Maenor", qui fut félicité d'avoir participé à l'éradication des Humains dans cette zone. On dit d'ailleurs que c'est aux abords de ce
Château Maenor, que fut désormais basé le repaire de la Garde Zéphyr, mais aucun témoignage ne le prouve.
De plus, quelques années plus tard, profitant de l'accalmie, des religieux nagas prirent possession des marais Hukutav en y érigeant un grand
Temple Naga en l'honneur du Basilic. Ils pourraient alors y développer leur culte comme bon leur semblerait, et sans être inquiétés par la présence de quelconque visiteurs, étant donné que la présence de la prison suffisait à repousser les nuisibles.
Le Quatrième Âge prit officiellement fin il y a 4400 ans, environ. Cette transition fut soulignée par l'arrivée d'un
Calendrier dùralassien, mis en place par des érudits de Stellaraë, ainsi que par la construction du petit port d'
Ishtar qui donnera lieu, bien plus tard, à la ville portuaire que nous connaissons. Cette construction fut possible parce que la mer avait encore reculé, dégageant encore et toujours du territoire, et qu'elle permit aux Hommes d'aller encore plus au sud du continent, là où ils n'avaient jamais pu aller auparavant. A la fin du Quatrième Âge, donc, toute la surface du territoire était parcourable.