Lintehil finissait de lécher ses doigts pleins de sang lorsqu'elle entra dans Endorial. Dans la forêt, tout près, il y avait de très bons lapins.
Elle soupira en entrant, lorsque les gardes la regardèrent avec répugnance. Quelque part, elle souhaitait que ce dégoût que les orcs inspiraient disparaisse.
Lin décida d'entrer dans la première maison devant ses yeux pour trouver un lit, un couvert.
Elle fut immédiatement mise dehors. Elle retenta sa chance ailleurs, mais, pas de chance pour elle.
Un hotel, au loin. Elle s'approcha, prudente. Entrant dans la salle, elle n'y trouva personne. Un soudain bruit attira son attention. Se retournant vivement, elle esquiva souplement le tabouret lancé sur elle. Éberluée, elle observa les hommes munis de couteaux se ruer sur elle.

-Satanée orc!! Ta race ne devrait pas exister!! Lui lança un homme muni d'un couteau de cuisiner.

Ame observa d’une mine morose le firmament pigmenté d’étoiles myosotis, argent et dorées, visible part la fenêtre à laquelle elle était adossée.

La jeune humaine laissa un long soupir désappointé franchir ses lèvres vermeilles et reporta son attention sur la vaste salle seulement éclairée par la lueur tamisée de quelques bougies éparses. Elle apprécia un instant le silence qui régnait en maître en ce lieu presque désert…
Autour d’une table en bois, trois hommes conversaient à voix basse, assurément pour rendre leurs propos inaudibles à l’ouïe attentive de la jeune femme. Sans doute discutaient-ils de transactions illégales, ou d’activités peu honorables… enfin, peu lui importait : tout cela ne la concernait guère ni ne l’intéressait.

Distraitement, elle caressa du bout des doigts le topaze poli pendu au bout d’une simple ficelle noire à son cou. Ses pensées étaient tournées vers son futur : cet hôtel bien peu occupé faisait un excellent lieu de halte. Prix abordable pour la vagabonde qu’elle était, la bâtisse semblait encore tenir sur ses fondations souterraines, sa chambre était… convenable (pour ceux ne faisant pas trop attention aux couinements excités des rats voulant entamer une traversée de la chambre en pleine nuit). « L’hôtel » proposait aussi la possibilité de déjeuner sur place, mais à la vue du gruau à la couleur plutôt originale qu’on lui avait servi, Ame ne s’y était plus jamais risquée. Sans parler des objets non identifiés et certes suspects qui y flottaient…
Cependant, elle ne pouvait se résoudre à y rester définitivement ; il était dans sa nature de déambuler sans cesse… Car plus rien ne la retenait en un endroit précis. Ni souvenirs, ni personnes.

La jeune femme était arrivée dans la cité quelques jours plus tôt, après être passée acheter quelques effets dans l’unique boutique d’armes à Stellaraë. Elle s’était enfin décidée à quitter sa ville qui, durant tant d’années, avait été son refuge après le meurtre de sa mère. Y résidaient encore certaines de ses connaissances, mais aucun vrai ami.

Elle scruta de nouveau le ciel que les nuages avaient désespérément délaissé.
S’il pleuvait, au moins son humeur sombre aurait été allégée. Mais bon, s’il était de la volonté de la Nature de la laisser ainsi mélancolique… soit.

Un grincement discret retint tout de même son attention. Une silhouette ni trop svelte ni trop massive s’engagea sur le pas de la porte, puis entra d’une démarche nonchalante… Ou craintive. Quelques instants plus tard, la conjecture d’Ame se trouva affirmée quand elle vit distinctement les traits de la nouvelle venue : il s’agissait d’une impressionnante orc dont les iris ardents contrastaient joliment avec son teint pers. A première vue, quiconque en aurait été effrayé ; mais à l’observer plus attentivement, on devinait sans mal une nature bien plus complexe…

Ame n’en ayant que rarement vu, elle ne put estimer qu’approximativement l’âge de l’orc : une vingtaine d’années tout au plus. L’humaine avait déterminé son sexe par sa longue chevelure portée en dreadlocks et sa taille féminine.

Un mouvement dans la noirceur dominante capta le regard d’Ame, accoutumé à l’obscurité. Les hommes communiquaient entre eux par signes discrets de sorte que la nouvelle arrivée ne les vit pas malgré son examen visuel de la salle. Par ailleurs, l’orc ne sembla pas avoir noté la présence d’Ame…

Cette dernière surveillait les trois hommes sans se manifester. Elle resta imperturbable quand l’un d’eux s’arma d’un lourd couteau de cuisine bientôt suivit de ses compères. Le plus trapu prit son tabouret par la main libre et la leva lentement au dessus de sa tête…

Ame fronça les sourcils, songeuse.
* S’ils l’assomment, elle ne vaut point la peine d’être sauvée de leur ire inexpliquée. Mais dans le cas contraire… *

Comme supposé, l’orc pivota prestement et esquiva l’impact mortel, sûrement guidée par cet instinct propre aux combattants.
Un léger sourire satisfait naquit sur le visage de l’humaine.

Celui qui avait projeté le tabouret s’avança menaçant vers sa proie et l’interpella avec véhémence :
« Satanée d’orc ! Ta race ne devrait pas exister »

* Ah… * comprit la jeune femme. Elle avait obtenu les explications voulues.
Ame esquissa une mine indécise. Les orcs étaient une race puissante. Mais celle-ci semblait plutôt frêle et jeune par rapport à ses assaillants.

Les deux autres rejoignirent leur compagnon.

Ame réagit à l’instant, et se faufila furtivement derrière le dos des trois hommes, assez vils et ayant bien peu d’honneur pour s’attaquer à une femme seule, dont le seul « crime » serait que les aléas du destin l’aient faite naître orc.
Elle effleura son oreille de l’index par habitude, puis inspira calmement. Ame était d’humeur à briser quelques nez ou membres. Prête, elle lança un regard significatif à son alliée.

Les trois hommes attaquèrent l’orc.

Lintehil avait vu juste. Sa race était bel et bien détestée. Affichant un sourire sadique, elle chargea les hommes.

-Ainsi vous n'aimez pas les orcs? Vous allez les détester!!

Elle sortit sa dague avant de remarquer une jeune humaine souriante dans le fond de la salle.
"Cette jeune fille est spéciale. Pas spéciale, spéciale!"
Et c'est sur cette pensée que Lintehil remonta sa dague.
Le combat... pouvait commencer.

Les joueurs jouent en premier.


Lintehil : 105
Dégâts : 30

Ame : 124
Dégâts : 35

Ennemis :

Homme au couteau de cuisine : 50
Dégâts : 50

Homme B : 40
Dégâts : 15

Homme C : 30
Dégâts : 25

" Ainsi vous n'aimez pas les orcs? Vous allez les détester!! " cria l'orc avec véhémence.

Ame haussa un sourcil appréciateur. Son alliée avait bien cette ardeur qui plaisait tant à l'humaine. Ainsi, ame ne regrattait pas d'être intervenue pour aider cette personne de valeur.

Elle s'accroupit vivement derrière l'homme posté à la droite de l'orc. Un bruit d'étoffe trahit sans doute sa présence, mais la jeune femme, alors que sa cible se retournait, donna une violente poussée de la jambe gauche sur le sol où ses paumes plaquées lui conférait un appui stable. Le talon projeté partit en crochet vers l'entrejambe de l'homme ébahi...

Attaque contre Homme C

Ame a effectué 1 lancé(s) d'un Attaque - Humain :

Lintehil sourit en voyant l'humaine l'aider. Après tout, on ne refuse jamais une alliée!
La voyant attaquer le pauvre humain qui l'avait bien mérité, elle éclata de rire. Il avait un visage tellement... Ses yeux étaient exorbités, sa bouche grande ouverte pour pousser un cri à un octave qui n'était à sa portée. Ses mains, crispées, s'ouvraient et se fermaient convulsivement tandis qu'il essayait vainement de respirer.
Lintehil se ressaisit soudainement. Elle n'allait pas laisser l'humaine finir le boulot!
L jeune orc brandit sa dague et la lança comme une flêche, sur l'homme au couteau et le plus dangereux.

-Tiens, prends ça!! De la part des orcs! Lui cracha-t-elle au visage

Jeylee Sheen Asagi a effectué 1 lancé(s) d'un Attaque - Orc :

Homme au couteau de cuisine attaque à 50 sur Lintehil
Homme B attaque à 15 sur Ame

Lintehil : 55
Dégâts : 30

Ame : 109
Dégâts : 35

Ennemis :

Homme au couteau de cuisine : 50
Dégâts : 50

Homme B : 40
Dégâts : 15

Homme C : MORT
Dégâts : 25

Une légère satisfaction teinta un instant l'esprit d'Ame à la vue de l'homme à terre.
Bien ajusté, un coup à cet endroit pouvait causer une mort direct. Et à ce qu'elle voyait, il avait été vaincu. Mais durant ce bref instant inattention, un second homme, non armé du couteau de cuisine, avait attaqué Ame par surprise: elle ne vit le coup venir qu'au dernier moment.
Il lui avait décoché un crochet plutôt violent qui mit à terre Ame. Elle serra la mâchoire pour retenir un gémissement de souffrance. Rapidement, elle se releva, prête à riposter.
Un craquement sinistre parvint à son ouïe attentive. Elle vit son alliée essuyer un coup particulièrement dévastateur de l'homme armé.

*Tiens bon, orc, songea-t-elle. Son propre adversaire serait bientôt inapte à poursuivre le combat....* enfin, elle l'espérait.

L'homme voulut saisir son bras, et Ame esquiva l'étreinte d'un saut sur le flanc droit. Lestement, elle pivota et projeta son talon vers le tibias de son adversaire...

Ame a effectué 1 lancé(s) d'un Attaque - Humain :

Lin s'était pris un coup violent au ventre. Venant de manger du lapin, elle se retint pour ne pas le "rejeter" puis leva des yeux furieux sur son agresseur.

-Tu-vas-mourir!

Ses yeux étaient comme embrassés et elle dégageait une aura froide.

-Tu-as-osé-me-toucher!!! Tu-vas-subir-le-châtiment-extrèèèèème!!!

Tout de suite, elle ramassa sa dague et fit un salto arrière. Elle en profita pour porter un violent coup à l'homme au couteau

Jeylee Sheen Asagi a effectué 1 lancé(s) d'un Attaque - Orc :

Homme au couteau de cuisine attaque à 50 sur Ame
Homme B attaque à 15 sur Lintehil

Lintehil : 40
Dégâts : 30

Ame : 59
Dégâts : 35

Ennemis :

Homme au couteau de cuisine : 12
Dégâts : 50

Homme B : 5
Dégâts : 15

Homme C : MORT
Dégâts : 25

L'homme hurla de souffrance quand le pied d'Ame atteignit son tibia.
Aveuglé par le douleur sans doute, il se trompa d'adversaire et riposta sur l'orc... La conjecture de l'humaine se révéla faussée: lui et son coéquipier avaient seulement inversé leurs ennemies.

Encore chancelante après sa contre attaque, Ame ne put éviter le couteau qui fatalement entailla son avant-bras. Un flot vermeil s'en échappa quand l'arme fut retirée: la jeune femme ne put, cette fois-ci, réprimer un cri.
Le regard embué par les brumes de la souffrance, elle tituba avant de reprendre une relative stabilité sur ses jambes flageolantes. Jamais elle n'avait fait l'expérience d'une telle douleur... En grimaçant, elle affronta néanmoins le sourire suffisant de son ennemi qui posa ses lèvres sur la lame de son couteau. Un frisson effrayé traversa Ame, mais elle garda un masque impassible, voire froid.

Combattre l'esprit tiraillé par les émotions et les sentiments amenait inéluctablement à la déchéance.

Ame évita une estocade en s'accroupissant promptement. Oubliant toute grâce, elle se releva en projeta témérairement sa tête vers le menton de son ennemi...

Ame a effectué 1 lancé(s) d'un Attaque - Humain :

Les joueurs l'emportent.

Lintehil et Ame reçoivent chacun 15 pièces d'or et 20 points d'expérience.

Lintehil reste niveau 2.
Ame monte niveau 4.

Essoufflée, Ame contempla avec un respect las les trois cadavres délaissés par la vie gisant sur le sol sombrement parqueté de l’hôtel. Ces hommes, malgré leurs déboires et leurs tares, avaient eu des amis, avaient des rêves et des désirs… Leur trépas ne devait les dénigrer mais les rendre à leur première nature. Elle murmura quelques paroles destinées au repos de leur âme.

Le pesant silence suivant les cris du combat lui parut tout à coup bien trop assourdissant… Elle s’écroula à même le sol : la fatigue accumulée et ignorée durant le combat manifestait sa présence.
En chutant, un élancement lui arracha une grimace.
La plaie assez profonde infligée par le rustaud au couteau saignait abondamment. La blessure lui laisserait une étrange cicatrice : la lame avait taillé la chair en une ligne parfaitement droite et d’épaisseur égale, adoptant élégamment la courbure de son bras tel un serpent vermeil….
Elle déchira un long pan de tissu blanc d’un des hommes abattus et l’enroula autour de son membre blessé en un bandage serré tel un garrot. Il faudrait rincer la plaie afin d’éviter toute sotte infection.

Ceci fait, elle jeta chercha du regard la belligérante alliée, et la trouva prostrée non loin ; Ame la vit en un seul morceau et entreprit donc de délester, auparavant, les hommes de leurs effets désormais inutiles. Elle dénicha quelques pièces d’or, une gourde étanche, et une carte de la région. Cette dernière lui serait sans doute utile puisqu’ayant oublié d’en s’en acquérir une, et la gourde semblait avoir une plus grande contenance que le sienne.

Son inspection achevée, elle se porta à hauteur de l’orc et lui gratifia un sourire chaleureux, malgré la sècheresse environnante. Le manque de pluie prélevait sa dîme sur son cœur mais cette orc avait gagné, par une seule bataille, une relative confiance…

« Rares sont les fois où j’ai fait connaissance avec une étrangère par le combat, en tant qu’alliée, avant d’avoir été convenablement présentée ; aussi ne vous cacherai-je mon identité plus longtemps.

Elle lui tendit sa main gauche, la paume libérée de ses doigts tendus en un geste amical.

- Je suis Ame de Stellaraë, humaine itinérante… Enchantée. »

Lintehil s'écroula de fatigue dès la fin du combat. épuisée, elle s'écroula. Du coin de l'oeuil, elle aperçu l'humaine fouiller leurs adversaires.
Enfin, elle s'accroupit devant elle et se présenta.

-Je suis Ame de Stellaraë, humaine itinérante.... Enchantée.
-Lintehil, orc. Se présenta Lin avec réticence. Mais tu peux m’appeler Lin

L'orc soupira. Ensuite, elle remarqua la blessure de l'humaine.

-Tu es blessée. Tu es empoisonnée, en plus.

Lintehil re-soupira:

-Je ne peux laisser un compagnon d'arme dans cet état. Viens ici, je vais te soigner.

Ce fut avec réticence que l'orc se présenta à son tour; au moins, elle restait, certes bien peu avenante mais polie. Un soupi s'échappa de ses lèvres -lassitude? ennui? animosité?- quand elle remarqua l'état d'Ame.

" Empoisonnée?" releva Ame.

Elle haussa un sourcil étonnée, mais prit le temps de calmer sa respiration encore sifflante. Les yeux clos, elle nota alors un léger engourdissement au niveau de sa blessure. Ainsi l'orc avait raison... Une lueur intéressée naquit dans le regard bleuté de l'humaine qui s'assit calmement les jambes croisées en face de Lintehil. Elle ôta le bandage avec moult précautions afin de ne pas raviver la douleur.
Ame lui tendit son bras entaillé, attendant de voir de quelle manière cette curieuse orc allait traiter le poison.

Lin sourit en voyant l'humaine assise face à elle. Enfin, elles étaient en confiance.
Lintehil se concentra et invoqua ses puissances célestes, selon la tradition.
Lintehil était une orc guérisseuse. Elle utilisait la puissance de ses dieux pour soigner les gens. Pour cela, elle se concentrait et plaçait ses mains au dessus de la plaie. Elle avait ensuite à utiliser sa bave aux propriétés magiques.

-Oh toi, esprit guérisseur, prête moi ton pouvoir! Permet moi de guérir cette humaine, noble compagnon d'armes. Par Zébatéléhus, guéris!

Les cheveux de Lin se soulevèrent tandis qu'un liquide jaunatre coulait de la plaie d'Ame. L'orc y posa ses mains puis effleura la blessure du bout du doigt.

-Il n'y a plus de poison.

Ensuite, elle mouilla ses mains de sa bave et en passa sur tout le bras d'Ame.

-Ce sera guéri demain.

Ame observa avec une stupéfaction incrédule les gestes de Lintehil. Elle ignorait jusqu'à ce jour, que les orcs pouvaient avoir un quelconque don pour la magie... de quelle nature, d'ailleurs, elle ne le savait pas puisque non magicienne. Enfin, elle resta immobile, respectant un silence plus intrigué que solennel. C'était la première fois que l'on usait de la magie sur son corps.

Soudain, une étrange psalmodie franchit les lèvres de l'orc guérisseuse. Ame ne réagit pas et ne proféra un seul commentaire, veillant à ne pas déranger celle qui la soignait. Lin invoquait un certain Zébatéléhus... en tous cas, un liquide jaunâtre suinta de sa blessure, ce qui prouvait sans conteste l'efficacité des pouvoirs de Lin.

Par pensée, Ame remercia chaleureusement cet esprit qui l'avait guérie par le biais de Lin.

L'orc observa la plaie propre, et s'assura de son état en l'effleurant du doigt. Contrairement à ce que l'on pouvait croire, ses gestes étaient emprunts d'une douce délicatesse. Cependant, comme pour contredire ses pensées, Lintehil englua la plaie d'un cataplasme baveux puis déclara avec satisfaction:

- Ce sera guéri demain.

Ame lui adressa un sourire justifié de remerciement, et se releva. Elle pendit une main à l'orc pour l'aider à se remettre debout à son tour. Ceci fait, Ame inspecta sa tenue comme toute personne qui prête une relative attention à l'image donnée aux autres. Elle nota quelques tâches de sang, mais l'essentiel des dégâts était assurément le tissu déchiré en lambeau au niveau de sa blessure. Il lui faudrait acquérir une autre tenue de circonstance.

Elle reporta son attention vers l'orc et lui demanda sur un ton amical:
- Quelle est donc ta prochaine destination, chère amie?

-Ma prochaine destination? Je suppose que pour l'instant, je vais rester ici pour la nuit, je ne crains plus rien des hommes restants. De toute façon, ils ont une telle répugnance des orcs qu'ils n'oseront rien. D'après les dires, nous sommes une race sauvage sans éducation qui adore la guerre, qui se bat et vit primitivement... Nous chassons le gibier à pieds et le tuons à la main. Nous fabriquons nos vêtements à la main. Quand à notre manière de vivre... Oui, elle est primitive mais respecte la nature. Quand un oiseau tombe de son nid, nous l'y remettons. Nous ne faisons rien aux personnes qui ne nous sont pas hostiles... Mais vos dires, imprudents et sans savoir nous transforment en bêtes sauvages sanguinaires et assoifée de sang. Je n'aime pas voir les gens mourir. Je suis guérisseuse. Si on m'attaque, je me défendrais, sans forcément vouloir la mort de mon agresseur. Si il attaque un innocent, j'irai le défendre. Je ne suis pas agressive, je suis une pacifiste. Enfin. Je m'égare. Après avoir dormi et m'être restaurée, j'irais sûrement faire un tour à la boutique d'armes. Et peut être irais-je à Baldor Heim... Je suis une nomade qui va et vient selon ses humeurs. J'aime manger des lapins donc j'irais certainement dans la forêt mais ce n'est pas encore sûr... Enfin... Pour commencer, je vais nous trouver de quoi manger. Qu'aimes tu? Es-tu végétarienne? Ou bien préfères tu la viande? De toute façon, même si tu n'aimes pas la viande, tu dois en manger après un combat. Si tu es végétarienne, il te faudra manger des racines, du gingembre, par exemple... Donc, es-tu végétarienne? As-tu une préférence pour une viande en particulier? Parce que, si tu en as besoin, j'ai du gingembre et une ou deux barres de viande séchée dans ma sacoche... Je te sors ce que j'ai et tu choisis, d'accord. De toute façon, tu es grande donc, tu fais ce que tu veux.

Ame écouta avec une attention sincère la tirade de l'orc. elle nota avec un certain amusement que Lintehil palabrait en écho fidèle à ses pensées, ce qui rendait son discours quelque peu archaïque. L'humaine, au contraire, aimait s'exprimer clairement, après une longue réflexion au sujet des conséquences de ses paroles, habitude naturelle acquise après ses années à côtoyer les voleurs des bas-fonds... Pourtant, malgré ces différences, le destin les avaient réunies toutes les deux ; elles avaient scellé le début d'une amitié par un combat, sot en bien des points.

- Je ne suis pas végétarienne, répondit finalement Ame. Malgré que je sois, c'est vrai, de bonne chère, mes papilles se contentent de tout met consommable. A être difficile à ce sujet, l'on ne survit que fort peu longtemps. Je tiens à partager mes vivres avec la nourriture que tu me proposes si amicalement: il serait injuste de ne profiter qu'à tes dépends.

En disant cela, Ame avait sorti d'un repli de sa tunique une petite besace longiligne. Elle l'ouvrit et en sortit des lamelles de viande séchée, de poisson fumé et quelques fruits et baies diverses, qu'elle disposa devant elle.

- N'ayant que peu de connaissances ou expérience au sujet des races de ce monde, je ne me permettrai pas d'émettre le moindre préjugé non justifié à ton égard, Lintehil. Cela ne mènerait qu'à des débauches de trahison, de mensonges ou d'incompréhension. Enfin... il y a tant de choses que j'ignore, ce à quoi je ne prétendrai pas connaitre impertinemment. Aussi, mes pensées à ton sujet n'ont nullement lieu à porter à l'inquiétude. Je te considèrerai comme une alliée de confiance, pour ne pas dire amie.

Un sourire orna son visage avenant.

- Sustentons-nous. N'ayant nulle destination particulière, accepterais-tu ma compagnie durant le temps que tu souhaiteras évidemment?

Lin sourit à son tour. Ame parlait avec le coeur, ce qui était quelque chose de très réconfortant. Quelque part, Ame lui rappelait sa mère.
La mère de Lin, elle était belle. Elle était rouge. Rouge comme les yeux de Lin.
Aucuns points communs avec Ame, me direz vous. Exactement.
Mais elle ressemblait à Ame. Elle était aussi gentille, et vraiment charismatique.

-Merci.

Pour la première fois depuis longtemps, Lin sourit, d'un sourire sincère qui lui réchauffa le coeur. ça faisiat vraiment longtemps que Lin n'avait pas sourit. Mais aujourd'hui, elle arrivait à sourire.
Elle arracha un lambeau de viande à son bâtonnet et le mâcha en grimaçant

Ame ouvrit lentement ses paupières, ses yeux lapis-lazulis observant l’étendue boisée que formait le plafond de sa chambre. Peu à peu, les contours indistincts d’un visage viril revinrent à sa mémoire, visage familier qui venait de surgit dans son sommeil… Un sourire sans arrogance, juste de la tendresse, naquit sur les lèvres de son songe, puis ses prunelles félines se teintèrent d’ambre.
Sigurd.
Ne pourra-t-elle jamais ne pas penser à lui chaque nuit ? songea-t-elle en laissant échapper un soupir chagriné. La cadence régulière d’une respiration apaisée lui rappela la présence de Lintehil à ses côtés.

Après s’être sustentées, Ame avait naturellement proposé à son amie de partager une chambre toutes deux, et ainsi économiser les quelques pièces d’or qu’elles possédaient. Peut-être fut-elle réticente mais l’orc n’avait pas trahi ses pensées, et avait simplement acquiescé. Il n’y avait qu’une seule couche, cependant, avec une politesse désarmante, Lintehil avait insisté à la lui laisser, prétendant que cela ne la dérangeait guère ; mais cette situation gênait Ame, aussi était-elle allée chaparder une seconde couche dans une chambre adjacente.
L’orc n’avait pas répondu à sa question quant à la suite des évènements... Bah, l’humaine y songerait demain, après un sommeil réparateur. La brève échauffourée avait laissé ses muscles endoloris, ainsi qu’une nouvelle cicatrice à son bras ; elle se réveillerait sans doute avec maintes crampes…
Demain.
Où irait-elle désormais ? Ce fut les méandres hasardeux du destin qui avaient dirigés ses pas dans la ville d’Endorial. Sa rencontre avec Lintehil se résumait donc à de simples concours de circonstances. Si elle ne s’était pas alors trouvée dans ce coin sombre de l’hôtel, l’orc aurait-elle survécu ? Non qu’elle se sente l’âme d’une sauveuse ou d’une quelconque héroïne d’ailleurs, mais cette question sans réponse dérangeait sa conscience. Peut-être, peut-être pas. Qu’en savait-elle…

« L’avenir d’une personne est rarement devinable, Ame. Tout comme il est impossible de savoir ce qu’aurait engendré un acte différent dans une situation passée. Accepte juste cela, et conforme-toi au temps présent. Ceux qui tentent de devancer le destin… Eh bien, certains les disent ‘‘prévoyants’’ ou bien ‘‘clairvoyants’’. Mais à se jouer ainsi d’une entité imprévisible, leurs propres manipulations, leurs prévisions du futur, seront inéluctablement démenties. Je ne dis pas qu’il ne faut point songer à l’avenir, comprends-moi. Il faut laisser une part de hasard guider notre vie, car les surprises, plus ou moins agréables, en font partie intégrante. »

Les paroles philosophiques et pourtant si réalistes de Sigurd résonnaient encore dans sa mémoire. Elle se souvenait avec une étrange précision, toutes les inflexions vocales de son amant, ses rictus, ses habitudes… L’oublierait-elle un jour ?
Avec un énième soupir, Ame réalisa ceci : toute sa vie s’érigeait autour de questions qu’elle s’efforçait d’en cerner la réponse…